Pakadjuma : Raïcha Wembo porte un projet salutaire en faveur des femmes marginalisées Une trentaine de femmes ont bénéficié, le samedi 3 mai dernier, d’une formation gratuite en fabrication de détergents à Pakadjuma, un quartier précaire de la commune de Limete. À l’origine de cette initiative, une femme engagée : Raïcha Wembo. Présidente de l’ONG Sauvons la Femme, elle est venue offrir bien plus qu’un savoir-faire. Elle est venue semer l’espoir. Pour nombre de participantes, c’était la première fois qu’elles manipulaient ce type de produits, avec l’ambition d’en faire rapidement une activité génératrice de revenus. Cette session s’inscrit dans une série de formations entamées depuis avril, notamment en fabrication d’objets en perles. À en croire Raïcha Wembo, « une vie qui ne vit pas pour les autres ne vit pas, elle survit ». Ce mantra résume son combat : faire de la femme une actrice consciente et émancipée de son destin — libre, autonome et utile à sa communauté. « Nous voyons en ces femmes la lueur d’un avenir digne. Elles ne sont pas les femmes de Pakadjuma dans l’acception stigmatisante. Ce sont des femmes vertueuses, fortes et capables », affirme-t-elle avec ferveur, citant Proverbes 31:10. Un nouveau projet À Pakadjuma, dans la commune de Limete, la réalité est brutale. Selon une enquête menée par l’ONG, ce quartier enclavé, dénué d’infrastructures de base, sans accès régulier à l’eau potable ni à l’électricité, est le théâtre d’une prostitution précoce et chronique. Des filles dès l’âge de 12 ans s’y livrent à la rue, parfois pour quelques billets en francs congolais. Beaucoup deviennent mères avant 18 ans, rejetées par leurs familles et privées d’éducation. « C’est un lieu où l’on survit plus qu’on ne vit », déplore Raïcha Wembo, fondatrice de l’ONG Sauvons la Femme. Face à cette urgence sociale, l’ONG a lancé un projet de six mois intitulé Réinsertion et autonomisation des femmes marginalisées de Pakadjuma. L’objectif est clair : sortir 50 femmes — jeunes filles-mères et prostituées — de la rue, en leur donnant des compétences, un revenu et une dignité retrouvée. Ce programme, en attente de soutien financier, comprend des formations pratiques en saponification, couture, alphabétisation fonctionnelle, gestion de micro-activités et développement personnel. À l’issue de cette phase, chaque bénéficiaire recevra un kit de démarrage et une aide financière pour lancer sa propre activité génératrice de revenus. Une mutuelle d’entraide sera également instaurée, pour permettre aux femmes de faire face aux urgences sanitaires, aux besoins pressants et de soutenir des projets collectifs à long terme. Mais le projet va au-delà de la simple autonomie économique. Il porte une vision humaine et spirituelle ambitieuse : restaurer l’estime de soi, soigner les blessures invisibles, réconcilier ces femmes avec leur identité et leur valeur. Des séances de développement personnel, un accompagnement moral, des conseils sur la parentalité et la vie communautaire complètent le dispositif. Raïcha Wembo en est convaincue : « La femme doit être non seulement utile économiquement, mais aussi debout moralement. » Un modèle à dupliquer ? Ce projet-pilote mené à Pakadjuma pourrait ouvrir la voie à d’autres initiatives similaires dans les nombreuses zones à risque de Kinshasa et du pays. L’ONG lance un appel à la collaboration entre institutions publiques, partenaires privés et bailleurs de fonds pour élargir l’impact et garantir la pérennité des actions. « Investir dans ces femmes, c’est semer dans la justice sociale », conclut Raïcha Wembo. À Pakadjuma, là où beaucoup ne voient que misère, Sauvons la Femme a choisi de voir des graines d’avenir. Et de les cultiver, une à une.
Laissez-nous un message