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RDC : La CENCO qualifie les propos de Bemba d’« inepties » Les tensions s’intensifient sur la scène politique congolaise après la violente charge médiatique lancée par Jean-Pierre Bemba contre la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO). Dans un communiqué signé mardi 10 juin, l’épiscopat congolais dénonce avec véhémence les propos du Vice-Premier Ministre en charge des Transports, qualifiés d’« inepties » et de « déclarations irresponsables qui mettent en péril la cohésion nationale ». Lors d'une interview accordée à Top Congo FM le 9 juin, M. Bemba a affirmé que l’ancien président Joseph Kabila, l’opposant Moïse Katumbi, et certains dirigeants de la CENCO seraient impliqués dans un « plan de déstabilisation de l’État » et d’« atteinte à la sûreté nationale ». Il est même allé jusqu’à accuser ce prétendu trio d’avoir planifié l’élimination physique du chef de l’État, Félix Tshisekedi. « Je peux vous confirmer cette actualité », a déclaré Bemba, avant de désigner Hyppolite Kanambe (alias Joseph Kabila), Moïse Katumbi et des figures non identifiées de la CENCO comme les cerveaux d’un complot contre le pouvoir en place. Il les accuse notamment d’avoir infiltré la CENI en 2023 avec l’aide de ressortissants russes pour falsifier les résultats électoraux, avant que l’opération ne soit déjouée. Il affirme également que Joseph Kabila serait de retour sur le terrain politique sur ordre direct du président rwandais Paul Kagame, suggérant que l’ancien président serait un agent de Kigali, missionné pour perturber la stabilité de la RDC. La CENCO dénonce une dérive dangereuse Face à ces accusations, la CENCO a réagi avec une rare fermeté. Dans son communiqué, elle qualifie les propos de Jean-Pierre Bemba de « belliqueux », porteurs de divisions et potentiellement incendiaires dans un climat politique déjà fragilisé. Elle déplore que de telles déclarations proviennent d’un haut responsable du gouvernement, et exprime son inquiétude quant à leur impact sur l’unité nationale. « Depuis 2023, M. Bemba multiplie les attaques contre la CENCO, proférant des allégations infondées, avec une légèreté qui frise l’irresponsabilité », déclare Mgr Fulgence Muteba, président de la CENCO. L’institution catholique rappelle qu’elle œuvre pour la paix, le dialogue et la réconciliation nationale. Elle regrette que le vice-premier ministre semble rejeter cette voie au profit de discours clivants et de souvenirs douloureux. La CENCO interroge également le silence des institutions de la République, qui, selon elle, auraient dû se saisir d’office de ce dossier vu la gravité des propos tenus. Appel à la justice et à la vigilance citoyenne Le communiqué appelle à des poursuites judiciaires et envisage même de porter l’affaire devant la justice. Par ailleurs, les évêques exhortent les Congolais à « ne pas céder à la manipulation ni aux discours de haine », et à demeurer unis et vigilants. Un appel est aussi lancé à la prière pour M. Bemba, « afin que l’Esprit de paix le détourne de la violence dont il fait la promotion ». « Le peuple congolais mérite mieux qu’un retour aux démons du passé. L’heure est au dialogue, pas à la désignation d’ennemis internes pour des fins politiques », conclut la CENCO.