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Pétition contre Vital Kamerhe : démocratie parlementaire ou isolement politique ?


Pétition contre Vital Kamerhe : démocratie parlementaire ou isolement politique ? La rentrée parlementaire du lundi 15 septembre était loin d’une simple séance inaugurale. Elle s’est transformée en véritable front contre Vital Kamerhe, président de la chambre basse et l’une des figures centrales de l’Union sacrée. Crispin Mbindule, député du parti présidentiel, Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a déposé une pétition visant à destituer le speaker de l’Assemblée nationale. Avec 262 signatures récoltées, l’initiateur de la pétition, ancien cadre de l’Union pour la nation congolaise (UNC), parti cher à Vital Kamerhe, accuse son ancien chef d’« incompétence » et de « gestion opaque » de l’institution. Parmi les griefs évoqués, les députés dénoncent aussi des émoluments jugés insuffisants par rapport aux législatures précédentes, ainsi qu’une mauvaise répartition des ressources. Un pardon sans effet Face à cette offensive, le président de l’UNC a tenté d’apaiser les tensions en présentant des excuses publiques à ses collègues. « S’il y en a parmi vous qui se sont sentis froissés, heurtés ou dérangés par ma conduite, qu’ils daignent accepter l’expression de mes regrets », a-t-il déclaré. Mais ce mea culpa n’a pas convaincu. Pour ses adversaires, l’heure est venue de tourner la page Kamerhe. Selon des sources proches du bureau de l’Assemblée nationale, plusieurs des préoccupations brandies par les pétitionnaires avaient pourtant trouvé réponse avant la rentrée parlementaire. Les conditions de travail des assistants parlementaires ont été améliorées et les retards de paiement régularisés. Ce qui alimente l’idée que la pétition dépasse largement les considérations financières. Une fracture politique en arrière-plan Le malaise semble en réalité plus politique qu’administratif. Dans son allocution, Vital Kamerhe a rappelé sa fidélité à la République et son engagement aux côtés de Félix Tshisekedi, non sans insister sur son opposition passée aux ambitions du Rwanda. « Le conflit avec le Rwanda m’a déjà coûté en son temps le perchoir de l’Assemblée nationale », a-t-il souligné, comme pour rappeler qu’il n’a jamais cédé sur les questions de souveraineté. Cette référence historique résonne comme un avertissement : la situation actuelle pourrait être une répétition du scénario de 2009, où Kamerhe avait perdu le même poste pour avoir contesté une décision gouvernementale. Selon plusieurs sources proches de l’UDPS, Kamerhe s’est opposé farouchement à la guerre contre le Rwanda. Il avait insisté sur le dialogue entre les deux pays. Aussi, il s’opposerait à la révision constitutionnelle, racontent plusieurs rumeurs. L’Union sacrée silencieuse L’attitude de l’UDPS interroge. Les initiateurs de la pétition affirment avoir rencontré Augustin Kabuya, secrétaire général du parti présidentiel, pour obtenir son soutien. Il leur aurait promis de consulter le Chef de l’État. Mais depuis, silence radio. Ni soutien public ni désaveu clair n’ont été exprimés par l’Union sacrée. Ce silence alimente toutes les spéculations : Tshisekedi laisse-t-il ses députés tester la solidité de son allié ? Ou s’agit-il d’une stratégie pour affaiblir Kamerhe en vue des prochaines recompositions politiques ? Vital Kamerhe, qui a joué un rôle clé dans l’élection de Félix Tshisekedi en 2018, voit son avenir politique à nouveau suspendu au jeu d’alliances mouvantes. La pétition contre lui apparaît à la fois comme une démonstration de force de certains députés et comme un révélateur des fractures au sein de la majorité présidentielle. Si elle aboutit, ce sera un tournant majeur pour l’Union sacrée, qui risque de perdre l’un de ses piliers historiques. Si elle échoue, Kamerhe en sortira affaibli, son autorité entamée, et son image d’allié privilégié du Chef de l’État durablement écornée, surtout qu’il avait déjà été condamné pour détournement en 2020, avant d’être acquitté quelques mois plus tard. L’histoire retiendra que seize ans après sa première destitution, Vital Kamerhe reste au centre des tempêtes politiques congolaises. Et qu’en RDC, les équilibres de pouvoir demeurent aussi fragiles que changeants.

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