Guerre dans l’est de la RDC : sous pression, le Parlement rwandais appelle à un compromis africain Le Parlement rwandais rejette catégoriquement les accusations internationales et plaide, dans une déclaration de ce samedi 22 février, pour une solution africaine. Cette position intervient après l’adoption d’une résolution par le Parlement européen et l’imposition de sanctions par les États-Unis contre des personnalités rwandaises. Dans sa déclaration, le Parlement rwandais s’oppose fermement à ce qu’il considère comme un récit biaisé de la crise. Il estime que la résolution du Parlement européen “attribue le conflit à l’est de la RDC à l’exploitation minière, en ignorant délibérément le fait que le problème fondamental est le gouvernement de la RDC qui attise les divisions ethniques, des massacres et le discours de la haine contre les Tutsi congolais”. Kigali considère que ces accusations occultent le rôle des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé opérant en RDC et qualifié par Kigali de “milice génocidaire”. Cette position contraste avec celle du gouvernement congolais, qui appelle à des sanctions contre le Rwanda. Kinshasa accuse Kigali de soutenir la rébellion du M23, ce que le Rwanda dément. La France a d’ailleurs récemment soutenu une résolution des Nations unies visant à désigner explicitement le Rwanda comme soutien du M23. Un appel au dialogue régional Face à ces tensions, le Parlement rwandais “appelle tous les pays, ainsi que les organismes régionaux et internationaux, à s’abstenir d’adopter des récits empreints de partialité” et les exhorte à encourager un dialogue entre les belligérants. Kigali met en avant l’importance des initiatives régionales, notamment celles de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui ont tenu un sommet conjoint le 8 février 2025 à Dar es Salam. Selon le Rwanda, seule une approche africaine peut aboutir à une paix durable. Cette vision s’oppose aux appels congolais à une intervention plus musclée de la communauté internationale. La RDC cherche notamment à renforcer son partenariat militaire avec l’Union européenne, ce que le Parlement rwandais considère comme une violation des conventions internationales sur les mercenaires. Les sanctions américaines et la riposte rwandaise Les tensions ont été exacerbées par la récente décision des États-Unis d’imposer des sanctions à James Kabarebe, ministre d’État rwandais chargé de l’intégration régionale. Kigali a vivement réagi, dénonçant des mesures “injustifiées” et estimant qu’elles ne contribuent pas à la paix. “Le Rwanda réaffirme le droit inaliénable de chaque pays de protéger sa souveraineté et de garantir la sécurité de sa population”, indique la déclaration du Parlement rwandais. Cependant, ces sanctions pourraient renforcer la position de la RDC sur la scène diplomatique. Kinshasa, qui plaide depuis plusieurs mois pour des actions plus fermes contre Kigali, voit dans ces décisions un signal positif. “Nous demandons à la communauté internationale d’aller plus loin et d’adopter des mesures qui contraignent le Rwanda à cesser son soutien aux groupes armés”, a déclaré le ministre congolais des Affaires étrangères. Que gagne la RDC dans cette dynamique ? La posture ferme du Rwanda et son appel à une résolution africaine offrent une opportunité stratégique à la RDC. D’un côté, Kinshasa bénéficie d’un soutien international grandissant, avec des sanctions contre des figures clés du régime rwandais et une reconnaissance croissante de son discours sur l’ingérence de Kigali. De l’autre, la RDC peut tirer parti des appels rwandais au dialogue en imposant ses conditions dans les négociations régionales. Si Kinshasa parvient à structurer son approche diplomatique, elle pourra obtenir des engagements plus fermes des États de la région sur la neutralisation des groupes armés. De plus, le renforcement de la coopération avec l’Union européenne et d’autres partenaires pourrait accélérer les efforts de stabilisation à l’est du pays. Toutefois, la RDC doit éviter de se retrouver isolée en refusant une issue africaine au conflit. Un rejet pur et simple des initiatives régionales pourrait donner du crédit au discours rwandais sur la nécessité d’une solution endogène. En jouant sur les deux fronts – pression internationale et dialogue régional –, Kinshasa pourrait maximiser ses gains dans cette crise.
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