Pape François, un éducateur des consciences et infatigable artisan de paix Dans un monde blessé et déchiré par des conflits multiples et des injustices criantes, le Pape François est passé au milieu de nous comme une lumière qui brille, une étoile qui oriente, une voix qui a prêché, parfois comme au désert, à la manière de Jean le Baptiste, porteur d’un message de fraternité universelle, de paix et de réconciliation. Par ses gestes, ses paroles et ses initiatives, il a exprimé un amour et un respect profonds pour l’humanité, il a incarné un engagement remarquable qui résonne d’une manière toute spéciale dans notre mémoire récente de Congolaises et Congolais. Le portrait qu’il avait dressé de la RD Congo, comme “un diamant de la création”, mais un diamant ensanglanté, restera une métaphore poignante dans notre mémoire. Mais plus poignant encore, certainement, son appel vibrant, son cri de cœur, contre ce qu’il appela “le colonialisme économique”: “Retirez vos mains de la RD du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique: elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser”! Oui, le discours du Pape François au Jardin du Palais de la Nation à Kinshasa le 31 janvier 2023 est un véritable programme de vie et une charte d’avenir qui mérite que les Congolais, depuis le sommet jusqu’à la base de la pyramide sociale, s’habituent à relire et à méditer dans la volonté quotidienne de le traduire en actes pour réaliser “un avenir lumineux de paix et de prospérité”. Ce discours, qui regorge de multiples phrases résonnant aujourd’hui encore comme des sentences proverbiales et des “maximes éternelles”, reste un véritable testament spirituel pour le Congo. “Prendre obstinément parti pour sa propre ethnie ou pour des intérêts particuliers, alimentant des spirales de haine et de violence, tourne au détriment de tous en bloquant la nécessaire chimie de l’ensemble”; “Celui qui détient des responsabilités civiles et gouvernementales est appelé à agir avec une clarté cristalline, en vivant la fonction reçue comme un moyen de servir la société. Le pouvoir n’a de sens en effet que s’il devient service ”; “Dans la société ce sont souvent les ténèbres de l’injustice et de la corruption qui obscurcissent la lumière du bien. Il y a des siècles, saint Augustin, né sur ce continent, se demandait déjà: “Si la justice n’est pas respectée, que sont les États, sinon des bandes des voleurs”? (De Civ. Dei, IV, 4); “... il est important d’agir dans cet esprit, en fuyant l’autoritarisme, la recherche de gains faciles et la soif d’argent que l’apôtre Paul désigne comme “la racine de tous les maux” (1 Tm 6, 10). etc. Le pape François nous enseigne que la paix n'est pas simplement l'absence de guerre, mais un chantier actif qui nécessite la justice, le pardon et la dignité. Le véritable développement est une émergence de la conscience collective. C’est dans cette perspective qu’il ne cessait d’élever sa voix pour les sans-voix, dénonçant les ravages de l'exploitation économique et de la violence, et appelant à une nouvelle ère de respect mutuel et de solidarité. Le pape François ne se contentait pas de parler de paix, il la vivait. Sa simplicité, son humilité et son attention envers les plus vulnérables sont un appel à l'action concrète. En RDC, ses paroles ne nous ont pas seulement réconfortés; elles ont réveillé en nous de l'espoir, comme un souffle renouvelé dans des cœurs las de guerre et de division. Elles ont appelé à la protection, à la sauvegarde et à la gestion responsable des écosystèmes qui représentent “l’un des plus grands poumons verts du monde”. La capacité du Saint Père à aller au-delà des différences culturelles et religieuses pour construire des ponts est une source d'inspiration. Qu'il embrasse un enfant, dialogue avec les leaders politiques ou célèbre une messe dans une région oubliée, chaque acte du pape François a été une pierre précieuse, ajoutée à l'édifice de la paix et de la fraternité universelle. À travers son témoignage, il nous rappelle que la paix est une responsabilité collective et une promesse à transmettre aux générations futures. Que son exemple nous inspire à chercher la paix et la concorde avec autant d'audace et d'amour. Didier MUPAYA Kapiten, OMI, Prêtre et professeur des universités, RDC.
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